Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 16:55

la-lecture.jpg

 

Ne manque-il pas un point d’interrogation à ce titre quand l’exposition organisée par le musée d’Orsay semble en faire la démonstration inverse ?

Sur les cimaises s’impose une magistrale peinture dont on cherche la modernité… 

Mais dès les premiers pas,  les premières espaces,  le regard du visiteur se confronte à l’influence incontestable  du passé sur les toiles de Manet. L’enseignement du peintre officiel Thomas Couture, l’intérêt envers les œuvres de Delacroix, celles de Courbet, pour Rembrandt et l’école Hollandaise le relient déjà à la tradition. Opposition des clairs et des sombres, palette satinée, intimisme, réalisme, romantisme…  Une peinture guidée par le désir d’exposer dans les salons officiels ne pouvait que masquer les schèmes de la modernité. Ainsi en est-il du Déjeuner sur l’herbe, de L’Olympia où malgré les scandaleux propos,  la représentation plastique persiste en une complaisance classique… Quelques travées plus loin, les compositions monumentales des scènes religieuses,  puis les périodes marquées par les écoles italienne,  espagnole,  les portraits,  les natures mortes et dans les dernières salles  la peinture  d’histoire manifestent son désir de se  mesurer aux plus grands et l’inscrivent dans la lignée des maîtres….

Pareil à tout artiste, Edouard Manet ne peut échapper à son siècle.  A la vitesse, à l’instantané. Il ne peut se soustraire aux modes ni aux goûts de l’époque. Pareil aux impressionnistes, il  peint ce temps. Ami du groupe, il n’en est pourtant pas le chef de file même s’i l s’essaye à la peinture de plein air. Ici  s’effondre cette légende. Manet ne scrute pas la lumière du dehors mais tente de percer le mystère de l’entour,  saisir la rapidité d’une expression passagère où s’abrite un sentiment. Il  apporte à l’histoire de la peinture la force d’un tempérament forgé au fil des refus et des moqueries de l’Institution. L’autorité d’un art, la puissance d’une facture. Un regard où  la beauté s’affranchit de l’idéal pour s’incarner dans la révélation d’une imperceptible vérité des êtres et des choses.  Il cerne ses figures,  les extirpe des conventions  tout comme il découpe parfois ses toiles pour en redélimiter le sujet.

Rendre hommage à ce peintre, c’est savoir admirer la texture de sa palette. La  profondeur éclatante des noirs jamais noirs, les nuances irisées des clairs, la porcelaine des roses…  Se laisser porter  par cette touche enlevée, libre et vigoureuse parfois généreuse, onctueuse ou lisse. Détachée des contingences.  Cette touche où la matière s’évapore en l’inachevé,  où la fluide transparence, au-delà des mots des couleurs, des sons convie le spectateur pour une virtuelle complicité de la mise en scène et à la finition d’invisibles détails.

Partager cet article
Repost0

commentaires